le tempo sanglant des idées nouvelles
rentrez dans la ronde on l’a faite pour vous
bien peu s’en faudra que vous jouissiez nos ciels
nous n’avons dans nos mains que les restes d’un sanglot triomphant
et l’on attend la honte pour le mettre en musique
il ne suffirait pourtant que d’un souffle haletant
pour allumer à lui seul une dernière bougie
on nous a fait aimer les grands poètes morts
parce qu’ils disent pour nous ce qui meurt avec eux
et nous laisse en jachère un bien triste décor
l’horizon est bouché et nous faisons la queue
j’en ai marre de me dire que tout se perd et se défend
mais je me marre bien de dire que tout s’invente en se battant
dire n’est pas écrire, il y a toujours deux poèmes
celui que l’on détruit et celui qui se met en scène
la poésie n’est pas un luxe mais ce qui nait de nos défauts
on a besoin de quelque chose qui nous fasse s’ouvrir à l’autre
quand on a guidé nos paroles pour les restreindre en formulaires
on ne s’échange pas nos voix, on ne fait que des commentaires
dire merde à la langue, c’est dire merde au monde
et dire merde au monde, c’est vivre la langue
vivre la langue, c’est revivre le monde
et vivre le monde, c’est faire l’histoire
je n’ai rien inventé, et c’est ça le plus tendre
c’est qu’on est pas toutes seules à gueuler
on est pas seul-es à gueuler
qu’il faut nous entendre.